Un exemple récent illustre bien cette dynamique: le bon d’État belge, qui a fait couler beaucoup d’encre dernièrement. Le 5 septembre 2023, le gouvernement belge a lancé une émission offrant un taux net de 2,81%. Attirés par cette opportunité, plus d’un demi-million de Belges ont répondu présent, permettant à l’État de lever près de 22 milliards d’euros. Ce succès est dû non seulement à un taux compétitif mais aussi à un précompte mobilier réduit à 15%, contre les 30% habituels. Alors que l’échéance de ces bons approche, une question demeure: ce placement était-il réellement une décision avisée ou une simple réponse à des taux d’intérêt historiquement bas, amplifiée par un coup marketing bien orchestré? Remise en contexte sur les objectifs et la stratégie fiscale des bons d’État Pour ceux qui n’en ont pas entendu parler, les bons d’État belges ont été lancés pour répondre à un problème bien réel: le manque de rentabilité des comptes d’épargne. L’initiative, bien que justifiée, a soulevé de nombreuses critiques notamment au niveau de l’avantage fiscal accordé à ces bons d’État. En effet, avec un précompte mobilier réduit à 15%, contre 30% pour d’autres placements, certains y ont vu une mesure inéquitable. À l’époque, beaucoup de banques belges avaient d’ailleurs parlé de véritable concurrence déloyale. La question mérite réflexion: ce coup de pouce fiscal n’aurait-il pas été plus utile pour soutenir des entreprises innovantes plutôt que d’alimenter une épargne passive au profit de l’État? Objectif atteint ou coup d’épée dans l’eau? Un an après l’émission, le bilan est décevant. Les banques belges n’ont pas augmenté les taux d’épargne, qui stagnent autour des 1%, mais elles se préparent néanmoins à attraper au vol les fonds des investisseurs au moment de l’échéance des bons d’État. En effet, de nombreuses banques belges proposent des alternatives comme des comptes à terme, des bons de caisse ou des assurances-vie. Ces offres sont souvent limitées aux fonds issus des bons d’État, relevant ainsi plus de la stratégie marketing que d’un pas vers le client. Les bons d’État: un bon plan pour les investisseurs? Les bons d’État, comme ceux émis en Belgique en septembre 2023, semblent offrir une solution simple et sécurisée pour les épargnants cherchant à protéger leur capital. Mais sont-ils vraiment une bonne opportunité d’investissement? Pour en juger, analysons deux types de profils: l’investisseur prudent, que nous appellerons Oncle Séraphin et celui plus aguerri, dénommé Tante Agathe. Cas pratique: Oncle Séraphin vs Tante Agathe Restons sur l’exemple des bons d’État belge de septembre 2023 et prenons Oncle Séraphin qui y place 20.000€, attiré par la sécurité et la simplicité de ce type de placement. De son côté, Tante Agathe, plus avertie en matière financière et un brin téméraire, choisit de placer la même somme dans un ETF répliquant le S&P 500. (Il est important de noter que l'investissement unique de 20.000€ a été choisi pour simplifier l'exemple. Rappelons que la diversification temporelle reste une stratégie clé dans les placements). À la fin de l’année, l’heure du bilan a sonné. Oncle Séraphin, malgré ses espoirs initiaux, découvre qu’il n’a pas réussi à battre l’inflation mais il se console en constatant que ses pertes se limitent à 150€. C’est certes un résultat nettement meilleur que s’il avait laissé son argent dormir sur un compte d’épargne belge, où l’inflation lui aurait grignoté plus de 550€. Tante Agathe a elle enregistré une belle plus-value de 3.778€ en comptant uniquement les coûts de transaction et l’impact de l’inflation (car, rappelez-vous, les plus-values sont exonérées de taxe pour autant qu'elles puissent être considérées comme intégrant la gestion normale d'un patrimoine privé) grâce à la bonne performance des marchés financiers en 2023. Son choix d’investir dans un ETF répliquant l’indice du S&P 500 s’est révélé judicieux, lui permettant non seulement de préserver son capital mais aussi de le faire fructifier. Investir dans les bons d’État: une décision à contextualiser Peut-on pour autant conclure qu’Oncle Séraphin a manqué une opportunité? Certes, il a manqué les rendements substantiels offerts par les marchés financiers et l’or cette année mais il a tenu compte de son profil d’investisseur averse au risque. D’autant plus qu’il est important de remettre les rendements dans leur contexte. En effet, le marché financier et l’or ont explosé tous les records cette année mais n’oublions pas que les performances annuelles de ces actifs sont historiquement volatiles. Par exemple, si Tante Agathe avait investi ses 20.000€ dans un ETF S&P 500 au début de l’année 2022 à un horizon d’un an, elle aurait enregistré une perte de plus de 600€. Cependant, s’il se donnait la peine de se faire conseiller par des experts ou de s’éduquer en finance, Oncle Séraphin découvrirait que les fonds répliquant des indices boursiers ne sont pas à bouder. En effet, à long terme, ils affichent un rendement annuel moyen d’environ 10%. Bien qu’il soit crucial de rester conscient de leur volatilité, cette dernière peut être atténuée par une diversification efficace des actifs et une gestion temporelle appropriée. Pour plus d’informations, contactez-nous.